Bonjour à tous,
J’étais hier à Marseille pour les Assises des militants des Bouches-du-Rhône. Je remercie Jean-Noël Guérini, Eugène Caselli, Jean-David Ciot ainsi que l’ensemble des élus et des militants présents. C’était un moment d’échange très convivial et très intéressant.
A bientôt !
Vous pouvez retrouver mon discours ci-dessous.
Chers amis, chers camarades,
Je suis vraiment très heureux d’être à vos côtés pour ce beau rendez-vous militant qui honore la fédération des Bouches du Rhône. Je remercie Eugène, Jean-David et l’équipe qui anime la Fédération, et bien sûr Jean-Noël, qui m’accueillent sur leur terre : les Bouches du Rhône, et Marseille cette ville populaire et chaleureuse…
Une ville que je ne quitte plus d’ailleurs, puisqu’il y a 15 jours j’étais reçu par les entrepreneurs et je reviens samedi prochain à l’invitation de mon ami Henri Jibrayel à sa fête de l’Estaque…
Marseille est une ville militante par excellence qui développe un militantisme chaleureux, courageux, convivial… Je suis sûr que pour ces Assises militantes, votre travail collectif a permis, dans la bonne humeur, de pousser encore plus loin la rénovation, tant attendue, de notre formation.
Mais, disons-le clairement, l’atmosphère marseillaise n’est pas celle qui prime en ce moment au PS. Il subsiste, aujourd’hui encore chez nous, un climat de crise et de suspicion… et ce pour le plus grand désespoir de nos militants et de nos électeurs et à la plus grande satisfaction de nos adversaires ou concurrents.
Pour ma part, je vous le dis avec beaucoup de conviction. Il ne faut plus revenir en arrière… Au soir de l’élection de notre Premier secrétaire, je m’étais moi-même exprimé avec force pour dénoncer les irrégularités et les fraudes. Elles étaient, elles sont toujours insupportables, inacceptables.
Et en responsabilité, j’ai décidé – nous avons décidé - de ne pas aller plus loin pour préserver notre Parti.
La responsabilité, est un principe qui engage le responsable politique dans le temps. Ne pas respecter cette contrainte contribue à brouiller les messages et à affaiblir sa crédibilité aux yeux des Français. Il faut donc s’y tenir et se tourner vers l’avenir.
Cette posture n’a rien à voir avec l’amnésie.
Je n’oublie rien, vous n’oubliez rien, NOUS n’oublions rien.
C’est la raison pour laquelle, je n’accepte pas les suspicions à l’égard de votre fédération qui a été – rappelons-le - celle qui a été la plus surveillée à l’époque !
Bref, cette page sombre de notre parti devrait être derrière nous et elle doit être le levier qui nous permettra de changer le fonctionnement de notre démocratie interne et notre relation aux Français.
Arrêtons donc de refaire constamment les matchs, qui mettent en scène les acteurs d’une génération qui devrait avoir comme priorité, comme préoccupation, le souci de transmettre le flambeau à la suivante.
Mes chers amis,
Ne nous y trompons pas : ces débats nous éloignent des Français… Je pourrai aussi évoquer l’affaire Clearstream où deux hauts responsables de l’exécutif, un ancien Premier ministre, l’actuel Président de la République, n’ont pas hésité à mobiliser les moyens de l’Etat, et les coups tordus, pour se détruire… D’ailleurs, le Chef de l’Etat a commis une faute grave en qualifiant de « coupables » des « présumés innocents », lui qui est le garant de l’indépendance de la Magistrature. Et je n’ai pas plus d’indulgence pour Dominique de Villepin. Décidemment, le débat public part à la dérive.
Ces affaires brisent le lien qui devrait unir le responsable politique aux Français… Il faut nous recentrer. Le rôle de la gauche, c’est aussi de réhabiliter la politique
Car l’urgence, pour nous, ce qui fait de nous, au fond, des militants, c’est l’attention que l’on porte à l’autre… Et force est de constater que les français souffrent….
L’urgence, c’est d’être à leurs côtés.
L’urgence, c’est d’être à l’écoute des préoccupations de celles et ceux qui s’inquiètent pour la survie de leur emploi et de leur niveau de vie face à une crise économique qui est dure avec chaque Français et impitoyable pour les plus modestes d’entre-eux.
L’urgence, c’est enfin d’incarner une alternative crédible à ce pouvoir qui définitivement n’apporte pas les solutions que réclament nos compatriotes.
Car il faut le dire, malgré le volontarisme présidentiel – accordons-lui au moins cela ! -, il y a une évidence aujourd’hui : un malaise profond s’installe dans notre pays. Notre société qui est pourtant si riche, mais aussi tellement injuste, loin de produire de l’espérance, fabrique, quotidiennement, du mépris, du déclassement et de la rancoeur….
A l’heure de la mondialisation, l’évolution prise par le capitalisme s’oriente, de fait, dans une direction où, au niveau individuel, les conditions du respect et de l’estime de soi sont considérablement meurtries. L’exigence de performance à outrance entraîne la destruction des réalités de la sphère privée.
C’est donc une société du mépris qui s’installe au détriment de l’espérance.
Car c’est bien le mépris de l’Homme qui est en jeu lorsque, un an après son effondrement global, le système affiche une santé insolente et que déjà les banques sauvées de la faillite se dépêchent de rembourser les gouvernements pour pouvoir à nouveau redistribuer des milliards d’euros ou de dollars à leurs dirigeants et traders méritants, au détriment des familles ou des PME, étranglées par la crise économique. Le système est en passe de se reproduire à l’identique et le G 20 – qui n’est certes qu’une première étape - n’aura évoqué ni la possibilité d’une taxe Tobin à l’échelle mondiale ni celle d’instituer une séparation entre banques commerciales et banques vouées à la spéculation. La quête de nouvelles valeurs susceptibles de créer un système plus respectueux de la personne humaine, promesse du début de la crise, semble pour l’heure infructueuse. Cela souligne l’urgence de mettre en œuvre une véritable gouvernance mondiale associant le FMI, l’OMC et l’ONU.
C’est le mépris de l’Homme qui est aussi à l’œuvre dans les relations de travail… L’exemple le plus criant est évidemment celui de France Télécom. La logique de l’optimisation économique entraîne des souffrances profondes qui peuvent broyer l’individu…
A mes côtés sur un plateau de télévision, le comédien François Cluzet interpellait, les yeux sincères et pleins d’une rage froide, une responsable du groupe en lui disant : « Qu’avez-vous fait au premier suicide ? Qu’avez-vous fait au deuxième suicide ? Qu’avez-vous fait au cinquième ?... Et… au 15eme ?... »…
Il aura fallu 23…
… 23 suicides, pour que la hiérarchie de France Télécom aveuglée par la logique de l’efficience comprenne, qu’il était temps de stopper cette course folle et que la rationalisation économique ne pouvait plus se faire au mépris de l’être humain.
De même encore, mépris du travail de l’homme, avec ces images de milliers de litres de lait - substance de vie par excellence–, répandus au sol comme une gifle à la face du monde pour crier toute l’absurdité d’un système de production…
Ces gestes désespérés ne sont pas à classer dans la rubrique des faits divers sans suite, ils doivent nous questionner sur le mode de société que nous voulons.
Dans ces conditions, il est peut être temps – à mi-mandat - de dresser un premier bilan de l’action de Nicolas Sarkozy
Le désormais célèbre « travailler plus pour gagner plus » sonne dorénavant comme un slogan bien creux… C’est même le pêché originel de l’ère Sarkozy : s’être fait élire sur le thème du pouvoir d’achat et ne pas démordre sur une mesure aussi injuste que le bouclier fiscal !
Car, malgré sa débauche d’efforts, ses emprunts à Jaurès ou Blum, malgré ses discours rassurants sur la moralisation du capitalisme, notre Chef de l’Etat échoue clairement en matière économique et sociale. Il ne propose ni une vraie politique industrielle, ni aucun cap véritable si ce n’est l’affaiblissement des services publics et la fragilisation des plus modestes.
En s’engageant vers la privatisation du service public postal, à l’image de ce qui a d’ailleurs été fait à France Telecom, le gouvernement affaiblit un acteur essentiel de la cohésion sociale sur nos territoires. Embrigadé – lui aussi - dans la logique de la sacro-sainte efficience économique, il fait le choix de privilégier la rentabilité immédiate, au lieu de la qualité du service public ! Cette décision mérite notre mobilisation le 3 octobre : celle de notre parti, de nos militants, mais également celle de toute la Gauche !
Par ailleurs, la même philosophie transpire de nombre de ses réformes : ne pas compromettre les positions des plus aisés, conforter la rente, même si cela doit se faire au détriment des plus modestes. C’est le cas du bouclier fiscal, c’est le cas du forfait hospitalier et c’est le cas – dernier exemple en date – pour les salariés en difficultés avec ce projet visant à imposer les indemnités journalières, versées par la Sécurité Sociale à ceux qui auraient le tort d’avoir été victimes d’un accident du travail…
J’avoue chers amis, bien que n’étant pas tout à fait novice en politique – on me dit « jeune », c’est gentil… - … Je reste parfois sans voix – rassurez-vous ça ne dure qu’un instant !- devant ces idées de la droite parlementaire et du très « moderne » Jean-François Copé, idées qui fleurissent dans un contexte de crise généralisée…
Mais comment font-ils ?…..
Cela m’amène à évoquer un autre type de sécurité, celle qui concerne chacun de nous – et, en majorité, les plus fragiles, les plus vulnérables, les plus modestes-, celle qui concerne leur chair, leurs biens, leurs libertés…
Car, même si je ne suis pas favorable – vous le savez ! – à l’anti-sarkozysme forcené, je ne peux m’adresser à vous sans pointer du doigt l’échec de Nicolas Sarkozy en matière de lutte contre les violences. Et vous connaissez ma fermeté sur ces questions…
Il faut dire aux Français que les violences physiques ont augmenté de plus de 46% depuis 2002, que la délinquance des mineurs, les vols avec arme à feu et les braquages de commerces ne cessent d’augmenter. Plus grave, les menaces changent, les délinquants se professionnalisent, les phénomènes de bandes pullulent, Internet et le téléphone portable se transforment en outil de petite criminalité…
Et je pourrais évoquer aussi les violences infra-familiales et celles que subissent notamment les femmes.
L’activisme du Chef de l’Etat sur les sujets qui choquent les Français est donc parfois le bienvenu, mais sa politique reste très largement superficielle et le fond de la question n’est pas réglé. C’est son bilan – depuis 2002… 2002 ! - qui est bien en cause.
Là aussi ne soyons pas hypocrites et sortons des postures idéologiques confortables. Il faut de la sanction. Tout est une question de curseur. Elle est, paradoxalement, un des leviers de rétablissement de l’autorité républicaine. Je dis paradoxalement parce que, traditionnellement, notre héritage idéologique nous conduit à confondre autorité et répression. Un des éléments de renforcement de l’autorité républicaine est bien la réaffirmation de l’ordre.
Et dans ce cadre, nous n’avons pas à rougir des outils que nous avons forgés, depuis le virage idéologique du colloque de Villepinte, nous avons posé les bases d’une politique de sécurité de gauche. La police de proximité, mesure emblématique, n’aurait jamais due être supprimée.
Le lien de confiance entre la police et les citoyens est aujourd’hui atteint. Il faut donc recréer cette police des quartiers qui connaît son territoire, affecter les personnels les plus expérimentés sur les zones les plus sensibles. Eux seuls peuvent tisser ce lien de confiance qui les unit à une population qui connaît leur visage, eux seuls – en partenariat avec tous les autres acteurs : police nationale, justice, éducation, élus locaux, associations, bailleurs – peuvent rétablir l’autorité.
Pour autant, malgré mon jugement sévère sur ce bilan de mi-mandat, sur ces échecs réels, sur l’absence de vraies réformes, je ne veux pas commettre l’erreur de l’enfermement… Je ne veux pas me laisser entraîner dans la vision binaire et conflictuelle dans laquelle beaucoup se complaisent et qui fait les affaires florissantes de Nicolas Sarkozy… Je veux, au contraire, lui opposer, une conception apaisée de la politique, une vision précise et responsable de l’avenir sur la base d’une « éthique de la vérité »
Nous devons adresser aux Français un discours de gauche crédible, qui ne soit pas dans l’excès ni dans l’outrance, mais toujours dans cette vérité.
C’est pour cela, par exemple, que j’ai soutenu le projet de taxe carbone. Tout simplement parce qu’il s’agit d’un sujet considérable : du seul véritable enjeu à l’échelle de l’Humanité ! Il s’agit de la sauvegarde de la planète et de la survie de l’espèce humaine. Nous avons donc, plus que jamais, le devoir de dire la vérité aux Français sur cette contribution climat énergie. Oui, elle est nécessaire ! Oui il faut changer notre modèle de développement. Et à quelques semaines du rendez-vous de Copenhague, l’absence d’un quelconque volontarisme au G20 est très inquiétant. Toutefois, il faut, encore et toujours, être précis et c’est de cette manière que j’envisage le rôle de l’opposition. L’erreur de Nicolas Sarkozy aura été de ne pas suivre les recommandations de la commission… qu’il a lui-même nommée !... Allez comprendre… Aussi, cet impôt écologique est devenu, aux yeux de nos compatriotes, une taxe antisociale. Et puis, la version allégée retenue comporte un grand nombre d’écueils et contribue malheureusement à la rendre inefficace ! Une taxe à 32 Euros était un vrai pas en avant. Ce niveau aurait pu contribuer à une refonte de notre système de fiscalité qui pèse trop sur le travail.
C’est ce type d’opposition que je revendique, encore une fois ! Une opposition responsable, juste et ambitieuse, reflet d’une gauche moderne et ouverte, force de propositions…
C’est cette opposition là, aussi, que nous tentons de mettre en œuvre, ensemble, au sein du groupe socialiste à l’Assemblée nationale et au Sénat… Permettez-moi de saluer au passage le travail de mes collègues députés Henri, Michel, Sylvie, mais aussi de mes amis sénateurs : Roland, Samia, sans oublier Jean-Noël. Nous nous retrouverons d’ailleurs dans quelques jours à Toulouse à l’occasion de nos journées parlementaires…
Nous avons, ainsi, inscrit 3 propositions de loi dans le cadre de notre journée parlementaire réservée, le 15 octobre prochain. Ce jour là, nous proposerons et nous nous battrons sur trois textes visant à :
1. encadrer les politiques de rémunérations des dirigeants d’entreprises, pour les rendre plus justes et plus transparentes
2. protéger les consommateurs, via des actions de groupe, supprimer les « crédits revolving » et encadrer les crédits à la consommation qui noient les ménages surendettés …
3. demander d’urgence la mise en place d’un référendum d’initiative populaire…
Je suis, bien évidemment, de ces trois combats qui répondent concrètement aux problèmes des Français…
Mes chers Amis… j’ai envie de vous proposer quelque chose… et si l’on renouait avec les victoires ? Assez des échecs ! Assez des atermoiements ! Assez des flagellations ! Nous sommes l’une des forces politiques les plus importantes de ce pays, nous l’avons construit, nous lui avons apporté le progrès ?
Mais, on l’a tellement invoqué cette trilogie : « rénovation !», « refondation !», « changement ! »… Je reconnais que ces mots trop prononcés se sont vidés de leur sens … Alors remplaçons la par une autre trilogie, concrète celle-ci et pas incantatoire ! « Projet ! » , « Primaires ! » et « Alliances ! ».
Oui mes camarades, je le dis souvent nous parlons une langue morte, c’est-à-dire une langue qui appartient à d’autres temps…
Pour être audibles il nous faut repenser les fondamentaux de notre projet.
Car il ne suffit pas de vouloir poser des digues contre un océan de réformes sans vision globale, il ne suffit pas non plus de vouloir reconstruire tout à l’identique, avec un rétroviseur idéalisé, nous ne somme plus dans les années 80 ou 90 …
Il est urgent aujourd’hui de nous rénover, de réinventer un logiciel en phase avec le monde réel, de travailler, dès maintenant, à un projet d’avenir et de gouvernement…
Avant toute chose, dans cette période de flou généralisé où les clivages se brouillent, il est urgent et plus que jamais nécessaire de rappeler les différences essentielles entre la droite et la gauche.
Chers camarades,
Ce qui fonde notre différence, repose, d’abord, sur la manière d’appréhender la notion d’égalité. Pour la droite, les inégalités sont naturelles, la conséquence de différences innées entre des individus presque abstraits. Ca n’est pas notre vision ! Ca n’est pas notre fibre !
Pour la gauche, au contraire, l’inégalité est sociale, étroitement liée au milieu dans lequel l’individu évolue. Mais pour autant ça n’est pas la négation de l’individu et de son libre arbitre puisque nous considérons que l’individu est le fruit de la société et le fruit de lui-même…
Voilà « LA » distinction fondamentale qui sépare une pensée de droite et une pensée de gauche. Et même si, cette opposition n’est pas pure et parfaite, elle reste le socle d’une action politique bien différente.
A droite, la responsabilité individuelle. A gauche, la justice sociale. Ensuite, et encore une fois – de grâce ne soyons pas simplistes -, tout est question de curseur….
Forts de cette ligne directrice, il nous faudra, ensuite, changer le regard pessimiste que nous portons sur le monde.
Trop longtemps, la gauche – et en particulier la gauche française s‘est enfermée dans une forme de pessimisme social… Un sentiment de peur et d’auto protection vis à vis d’un libéralisme systématiquement menaçant… sans regarder la réalité en face, sans accepter de s’adapter… et en cessant, à jamais, de susciter le désir et l’espérance ! Pourtant, sans renoncer à nos utopies, en les dessinant « plus modestes et moins ruineuses », en posant un autre regard sur la mondialisation et sur l’entreprise et donc sur le rôle de l’Etat, sans jamais lâcher aucune de nos valeurs, sans renoncer à la dénonciation de l’absurdité de l’économisme, nous avons les moyens de fédérer, de donner de l’espoir, de proposer une vraie et belle alternative à la droite !
Alors oui laissons tomber le prestige et le grandiose !
Car choisir, c’est renoncer. Mais pour avancer, il faut choisir. Alors choisissons ensemble et allons vers « l’optimisme du possible » Proposons aux militants, aux socialistes, aux sympathisants de gauche et à tous les Français, à ces hommes et à ces femmes déçus de la politique et parfois même désespérés, un chemin alternatif, réaliste, cohérent mais juste et ambitieux pour la France !
Laissons tomber les prétentions universelles, pour nous occuper de l’épanouissement individuel… Offrons à chacun le meilleur horizon des possibles, en nous saisissant des opportunités de la société de marché, en accompagnant le progrès mais sans jamais renier notre talisman, celui que l’on doit chérir à jamais : la justice sociale.
[Retraites – Ecole – Entreprise – Fiscalité (réforme fiscalité locale + fusion IR/CSG) - Etat (vraie décentralisation) – Dépendance (2 à 3 points de PIB) – Déficits Publics]
Chers Amis,
L’autre clef du changement tient à l’impératif selon lequel nous avons besoin sur le plan organisationnel, plus que jamais, d’un parti socialiste ouvert, rénové, modernisé. Ces mots sont encore trop faibles. Nous sommes à la fin du cycle ouvert par le Congrès d’Epinay en 1971 et nous savons, tous, qu’il nous faut construire notre propre dépassement.
Notre formation doit s’adapter à la logique de la présidentialisation de la Ve République. Non qu’elle soit un idéal de fonctionnement démocratique - il faut dénoncer la dérive Bonapartiste et plébiscitaire qu’elle porte dans ses flancs - mais c’est le système dans lequel nous concourrons ! Il nous appartiendra, par la suite, de changer la donne en réaccordant tout son pouvoir au Parlement. François Mitterrand – lui qui dénonçait la logique du coup d’Etat permanent – a su avoir, il y a bientôt 30 ans, la clairvoyance de s’adapter à son époque. Il dit un jour à Jacques Attali : « j’aurai gagné mon pari le jour où un socialiste me succèdera à l’Elysée »… Faisons en sorte que cela arrive dès 2012 !... car en 2012, 24 ans se seront écoulés depuis notre dernière victoire présidentielle…
Dans ce contexte, vous l’aurez compris les primaires sont le seul instrument capable de donner au candidat issu de la gauche l’élan nécessaire qui le conduira à la victoire.
Face à une droite unie derrière Nicolas Sarkozy qui, grâce aux soutiens des chasseurs de CPNT et de la droite souverainiste et anti-immigrés du MPF, peut obtenir en 2012 un score avoisinant 35 ou 40% dès le premier tour, nous avons plus que jamais besoin d’union à gauche. Voilà pourquoi il est nécessaire que tous les partis ne se reconnaissant pas dans la politique menée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement, participent à ces primaires ouvertes.
Et n’ayez pas peur ! Oui, elles vont changer le rôle du militant qui se fera davantage passeur et ambassadeur des idées de son parti. Il devra aller convaincre et séduire 4, 5 millions d’électeurs…. C’est un défi incroyable ! Et cela ne dépossède pas le parti de son rôle d’intellectuel collectif. Elle va révolutionner la vie partisane de notre pays.
Cette idée des primaires, d’ailleurs, nous la défendions déjà dans le cadre de « La ligne claire » avec Gérard Collomb et Jean-Noël…
C’est donc le 1er octobre que vous aurez à vous prononcer sur cette question mais aussi sur les autres comme le non cumul des mandats et la commission d’éthique. Quoiqu’il en soit ce vote n’est qu’une étape, il faudra aller beaucoup plus loin…
Vous l’aurez compris, nous aurons très vite à nous dépasser. Se dépasser, ça n’est pas disparaître, c’est grandir. Et la cité phocéenne a été aux avant-postes de la question des alliances grâce aux ateliers d’été d’Espoir à Gauche, animé par mon ami Vincent Peillon, sous la houlette de Patrick Menucci. Que n’avions-nous pas entendu ? « Alliance avec le Modem »… Nous étions tous comparés à ces déserteurs qui quittent le champ de bataille et renient leurs valeurs… Je me réjouis que cette idée « subversive » soit reprise, désormais, par Martine et François…
Oui, tout refus de dialogue démontre un sectarisme qui est la plaie de notre vie politique… et parfois du PS. François Bayrou mène un combat courageux contre la droite. Il demande à débattre du fond. Ayons confiance en la force de nos idées. La gauche, seule, ne peut pas gagner et notre responsabilité, historique, c’est de tourner la page du Sarkozisme.
Et si nous voulons gagner, nous devrons assumer jusqu’au bout cette volonté de rassemblement plutôt que de nous livrer aux combinaisons opportunistes le soir du 1er tour…
Par ailleurs, -petit travers bien de chez nous…-, seul notre famille est capable de créer des débats interminables autour de la bonne façon de gagner. On échafaude alors des théories très audacieuses mais toujours fumeuses afin de déterminer le tiercé gagnant : « alors en 1, le projet, en 2, le leader et en 3, les alliances… euh pardon, à moins que ce ne soit… en 1, les alliances, en 2, le projet et en 3, le leader…. Ah non, c’est en 1, le leader…. ».
Bref ! J’ai une proposition à vous faire… Faisons tout en même temps, car il y a du pain sur la planche !
A cet égard, les élections régionales seront l’occasion d’approfondir ce travail.
Toutes et tous sommes conscients du travail remarquable qu’ont mené les différents présidents de région socialistes au cours des cinq dernières années. Ils ont, dans un contexte difficile, assumé leurs responsabilités avec brio quand le gouvernement délestait l’Etat de ses compétences sans leur donner les contreparties financières en retour. Ils ont été un contrepouvoir solidaire et responsable face à la droite. Permettez-moi d’ailleurs de saluer en particulier le travail et la créativité de Michel VAUZELLE pour la région Provence Alpes Côte d’Azur.
Rappelons aussi que, de manière générale, ce travail a été mené avec l’ensemble de nos partenaires de gauche et que ce n’est qu’unis, que nous gagnerons à nouveau.
Mais nous savons, par ailleurs, que, même si nous pouvons regretter le souhait de nos partenaires écologistes de ne pas faire de listes communes dès le premier tour alors qu’ils ont cogéré pendant cinq ans avec nous la plupart des exécutifs régionaux, au second tour, nous serons rassemblés pour battre la droite.
Alors, allons à cette échéance avec dynamisme et enthousiasme et faisons de ce scrutin la première étape du redressement de la gauche !
Chers Camarades,
J’aime ce parti, cela fait 30 ans que j’y consacre ma vie, je suis persuadé que collectivement nous pouvons encore représenter un espoir. Mais cela nous oblige à un formidable travail sur nous-mêmes, à beaucoup d’audace… J’aime ce pays quand il incarne la justice sociale, la liberté, le « vivre ensemble » et je considère, comme Clemenceau ou Mendès-France, la République comme « une idée toujours neuve ».
Vous pouvez compter sur moi pour être un des acteurs engagés de ce redressement et je sais pouvoir compter sur vous et sur tous les socialistes des Bouches du Rhône pour écrire une nouvelle page de l’histoire de la Gauche française, du camp du progrès et des Républicains… pour écrire une nouvelle page de l’histoire de notre pays.