Je suis assez interloqué par la manière dont la presse s’émeut des nouvelles difficultés dans lesquelles le PS se débat à propos de la ratification du prochain traité européen qui fait suite au rejet en 2005 du traité constitutionnel par le peuple français. Non que la presse raconte des bobards mais parce que cela reflète avant tout la gêne extrême dans laquelle nous nous trouvons pour DECIDER quelque chose.
Ma position est claire. Le Parti socialiste a le devoir, vis-à-vis de la France et de l’Europe, d’avoir une opinion. Celle-ci doit privilégier la sortie de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons depuis le 29 Mai 2005. La réponse socialiste à ce traité doit donc être clairement le OUI.
Pourquoi ?
D’abord parce que, que cela plaise ou non, le rejet du traité de 2005 a plongé l’Europe dans un blocage total. Les socialistes ne peuvent pas s’en laver les mains, encore moins jouer la crise ! Dans les conditions politiques difficiles qui en découlent, toute occasion de faire repartir la machine est à saisir.
Ensuite parce que, bizarrement, ce « mini » Traité concrétise d’une certaine manière le fameux « plan B » que l’on nous avait promis… Il est amputé de tout ce qui avait fondé le NON de gauche.
Enfin parce que ce n’est pas la peine qu’on se raconte des histoires. Si Ségolène Royal avait été élue le 7 Mai, elle n’aurait pas été en mesure de négocier un Traité sensiblement différent de celui-ci. Le fait que ce soit Sarkozy qui ait négocié pour la France ne change pas fondamentalement la donne. Ce n’est pas, qui plus est, le Traité de Sarkozy, contrairement à ce qu’il dit. C’est aussi celui des allemands, des polonais et des anglais. Tout un programme… Et si, dorénavant, sur un Traité européen, le PS ne peut donner son avis qu’en fonction de qui dirige le pays, je crains que nous devions attendre longtemps avant de pouvoir dire OUI. Le temps d’être de nouveau majoritaires…
J’ai cru comprendre que le Parti socialiste devrait avoir une réponse d’abstention ou de refus de vote au Parlement réuni en Congrès à Versailles pour deux raisons fondamentales.
La première est que ce que le peuple a défait par référendum, seul le peuple peut le modifier. En clair, seul un référendum peut ratifier le nouveau Traité. C’est logique. S. Royal l’avait dit. Sarkozy a dit clairement qu’il n’en voulait pas. Elle a été battue. Il a été élu. Cela n’empêche pas que l’on maintienne notre proposition démocratique (encore que je ne vois pas ce qu’il y a de fondamentalement antidémocratique à avoir recours au Congrès). Mais cela n’exonère toujours pas les socialistes de répondre à la question ! Si, par pure construction intellectuelle, Sarkozy organisait un référendum, nous appellerions à voter quoi ?
La deuxième raison est que nous ne devons pas nous diviser à nouveau. Et la seule manière de le faire serait de… s’abstenir. Ainsi, le PS, parti de gouvernement, ne pourrait prendre position qu’en fonction de problèmes internes ! Bonjour l’image aux yeux de nos concitoyens et de nos amis socialistes d’Europe… Et quel cadeau nous ferions à Sarkozy ! Imaginez d’ici l’argument « royal » qu’on lui fournirait : les socialistes se réfugient dans le refus de vote ou l’abstention pour ménager leur tambouille interne. Pitoyable.
Oui, le rassemblement des socialistes est indispensable, surtout à cinq mois des municipales et des cantonales. Mais il doit avoir lieu sur une appréciation politique du sujet : ce Traité, sans être une panacée, permet-il de faire un pas, oui ou non ?
En 1996, lorsqu’il a fallu que le PS prenne position, un an avant les législatives de 1997, sur les conditions de mise en œuvre de la monnaie unique et du pacte de stabilité, le Premier secrétaire de l’époque, Lionel Jospin, a organisé une convention nationale. Il s’est engagé. Il a affronté le débat. Il n’était pas plus simple qu’aujourd’hui. Le PS a tranché. Et il a gagné en 1997.
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