En cette période de calme relatif grâce aux congés scolaires, j'ai un peu plus de temps pour aller au cinéma. J'ai donc récemment pu voir Blood diamond, film de Edward Zwick avec Leonardo Di Caprio, Jennifer Connelly et Djimon Hounsou (pour mémoire, il fut chef des esclaves révoltés dans Amistad, film de Steven Spielberg sorti en 1997).
Je ne suis pas un adepte inconditionnel des superproductions américaines, surtout celles qui se veulent d'emblée "engagées politiquement", et dont l'engagement n'est pas toujours au rendez-vous. Mais, force est de constater que ce film a, à tout le moins, dérangé le petit monde des diamantaires et s'est attiré des plaintes en diffamation et une campagne de dénigrement de plusieurs millions de dollars. Car forcément, la sortie d'un film 15 jours avant noël (aux Etats-Unis), "salissant" les diamants, n'était pas à proprement parler un magnifique coup marketing pour les joailliers. En soi, c'est donc déjà un petit gage du caractère "pavé dans la marre" de cette production hollywoodienne.
Au-delà de l'appréciation globale que l'on peut porter au film (c'est un blockbuster de plusieurs dizaines de millions de dollars tout ce qu'il y a de plus classique) ou à la question du trafic des diamants qui a déjà fait couler beaucoup d'encre (et de sang), j'y ai vu un certain nombre de points positifs.
Ce film, qui évoque un conflit terminé en 2002, est pourtant criant d'actualité. Les évènements dramatiques au Darfour, en Somalie, en République démocratique du Congo, et même les tensions, en Guinée, en Côte d'Ivoire ou au Tchad, montrent bien l'extrême dangerosité des conditions de vie de plusieurs dizaines de millions de personnes soumises aux pires exactions.
D'ailleurs il aborde également la question des enfants soldats, enrôlés de force le plus souvent, et dont le retour à une vie normale pose de plus en plus question dans les pays dévastés par les différents conflits que le continent africain a connu ces dernières années.
Et il s'agit bien là d'une vertu de ce film que de porter sur grand écran, et à la vue du grand public, la situation, même passée, de certains pays africains, meurtris par des années de conflits ethniques ou simplement motivés par le contrôle d'une matière première tels que le pétrole, les diamants ou le bois précieux.
Ce film n'en est d'ailleurs pas le seul exemple puisque le génocide rwandais (Hotel Rwanda, Shooting dogs) ou le régime du dictateur ougandais Idi Amin Dada dans les années 70 (Le dernier roi d'Ecosse) ont également fait l'objet, récemment, de productions.
Le traitement n'a peut-être pas la rigueur intellectuelle, ni même l'exactitude, des livres de Stephen Smith (Négrologie, Pourquoi la France a perdu l'Afrique ? …) ou de certains recueils de témoignages, comme Une saison de machettes (Jean Hatzfeld) sur le génocide rwandais, mais il a l'avantage de permettre une certaine prise de conscience de la situation dramatique dans laquelle sont plongés nombre de pays du continent africain.
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