A lire : l’avalanche de commentaires et de réactions politiques sur le livre de Lionel Jospin, L’Impasse. Je vais finir par croire que je suis l’un des seuls à ne pas avoir acheté un ouvrage qui n’est pas encore en vente.
J’attendrai, avec impatience maintenant de le lire de A à Z avant de dire ce que j’en pense. Ce n’est pas une pirouette mais un problème d’honnêteté politique. Libération s’est livré à une opération politicienne banale, mais efficace, dont l’objectif n’est pas que commercial. En présentant certaines citations choisies et effectivement rugueuses vis-à-vis de Ségolène Royal, il s’agit ni plus ni moins de créer dans l’opinion l’idée que cet ouvrage n’est qu’un vil et sexiste règlement de compte personnel hors de saison.
Dimanche 16 septembre, je coanimai une journée de travail à laquelle Lionel Jospin et Bertrand Delanöé participaient au milieu de centaines de socialistes de toutes sensibilités. Il y avait aussi Pascal Perrineau, politologue connu, qui est venu preuves à l’appui, démontrer de manière implacable pourquoi nous avons perdu la présidentielle avec des avis très durs sur la campagne de Ségolène Royal. Mais Perrineau n’est pas Jospin. Et ce que l’on peut entendre d’un analyste, un politique n’a pas le droit de l’exprimer.
L’auteur de L’Impasse est unique : c’est Lionel Jospin. Il n’a nul besoin de défenseur. C’est à lui d’expliquer la raison et le moment de cet ouvrage. Je pense seulement que la violence de certaines réactions est aussi liée au fait qu’il nous faudra bien un jour répondre à la question suivante : pouvions-nous oui ou non gagner cette élection présidentielle ?
Car il ne suffit pas de s’indigner et de pousser des cries d’orfraie pour avoir raison. Si des socialistes pensent que notre candidate n’a aucune responsabilité et que ce qui nous a conduit à la désigner (la victoire assurée !) n’est pour rien dans notre défaite, qu’ils le disent. Cela signifiera que quel que soit le candidat, c’est le Parti Socialiste tout entier qui est inadapté. Cela signifierait aussi que la manière dont un candidat gère sa campagne n’est pour rien dans le résultat final. On nous a pourtant dit et répété de septembre 2005 à novembre 2006 que nous disposions d’une personnalité d’exception pour conduire le chantier de la reconquête.
Je crois pour ma part que nous pouvions gagner, avec une autre campagne et que cela n’est pas contradictoire avec le fait que nous n’avons pas produit le travail idéologique pour adapter la pensée socialiste à la nouvelle donne mondiale.
Je mettrai prochainement sur ce blog mon intervention de dimanche 16 septembre…
… et bonne lecture de L’impasse à partir du 24 septembre !
Un peu de respect pour Lionel Jospin. Les mêmes vautours qui ont joué la défaite de notre camp en 2002 cherchent des noises à Lionel aujourd'hui. On les laissera pas faire.
Ce n'est pas en prenant des petits bouts de phrase pour victimiser Ségolène Royal que nous ferons l'économie d'un vrai débat sur la défaite.
Rédigé par : Jérémy | 18 septembre 2007 à 17h53
Avec ou sans livre, chaque socialiste peut donner son point de vue sur l'échec. Mais le probème reste que Lionel Jospin est quand même LE socialiste qui avait tellement bien pensé et organisé sa campagne en 2002 qu'il a eu le succès que l'on sait, traumatisme dont beaucoup d'électeurs de gauche ne sont toutjours pas lavés.
Tout le monde peu commenter... tout le monde peut-il donner des leçons, quel que soit son passé ?
Rédigé par : Sabine | 19 septembre 2007 à 12h58
Au delà du seul cas Jospin, pourquoi faut-il toujours que les débats entre socialistes prennent l'opinion publique à témoin, par télé ou livre interposés ? On peut critiquer Sarkozy et son goût extrême pour les médias, mais le poids des "ténors" socialistes se mesurerait-il aujourd'hui aux succès éditoriaux ? Cela ne soigne que les égos...
Rédigé par : Sabine | 19 septembre 2007 à 13h05
c'est justement parce qu'il a "échoué" que les avis et opinions de Lionel Jospin gagnent en profondeur. Si seulement notre candidate n'avait pas été si obnubilée par son indépendance vis à vis d'un parti dont les militants l'ont choisi, elle aurait peut-être été plus à même de tirer les leçons des échecs passés. Les éléphants, malgré tout le mal que certains en pense, et on ne parle jamais de ceux qui, à droite ont contribué à la vistoire de Sarkozy (car on ne va pas me dire que les Fillon, Raffarin et autres Devedjan sont des nourrissons de la politique) incarnent également la mémoire du parti, des échecs et des victoires, se passer de leur expérience peut être fatal.
Rédigé par : wapin | 20 septembre 2007 à 17h50