J’entends et je lis beaucoup de déclarations et de commentaires sur la nécessité, pour S. Royal, de prendre sa liberté vis à vis de sa famille politique. Elle-même en a fait le credo de cette dernière partie de campagne de 1er tour. Ainsi seulement, ai-je lu, elle pourra rassembler plus largement. Je comprends cette nécessité. Elle est inhérente au mode de scrutin lui-même qui n’est ni de liste ni de circonscription. N. Sarkozy a, lui aussi, revendiqué cette liberté vis-à-vis de son parti. Encore l’a-t-il fait en une fois, le 14 Janvier, le jour de son investiture devant ses militants. L’élection présidentielle est une curieuse alchimie où se mêlent projet politique et incarnation de la France dans une Présidence.
Il n’en demeure pas moins que si la personnalité de notre candidate peut être décisive au moment du choix des Français, l’identité de son projet est essentielle pour que ceux ci puissent départager l’offre politique qui se présente à eux. Et puis, petit détail, jamais je n’ai vu d’élection gagnée sans engagement à 100% des militants et des sympathisants. Et pour être plus clair encore, si les élus et les adhérents de la 1ère circonscription ne sont pas sur le pont d’ici le 22 avril et le 6 mai, le score en pâtira lourdement… Mais ils sont sur le pont.
De tous les contacts que j’ai pu avoir ces derniers jours, je retiens une seule chose : nous devons susciter une envie de gauche dans toute la société.
Une sympathie pour les socialistes et pour la gauche court dans les quartiers, accolée à une inquiétude vis à vis de Sarkozy. L’ascension de Bayrou dans les sondages s’exprime peu de vive voix. Mais on sent qu’à un mois du 22 Avril, rien n’est cristallisé.
Comment faire ?
D’abord, me semble-t-il modestement, en argumentant autour de quelques thèmes majeurs et en s’y tenant ! Les sauts de puce qui nous font passer d’Airbus un jour à la 6ème République le lendemain, sans creuser notre sillon alimentent le zapping électoral.
Notre projet est fort sur un thème transversal autour duquel nous pouvons charpenter nos propositions : l’ordre juste pour une France nouvelle. Ce n’est pas que ce concept me plaise particulièrement mais c’est sur celui-ci que S. Royal a forgé son identité dans la campagne de désignation. Je plaide pour qu’elle y revienne. Car le désordre est partout dans la société et l’ordre libéral de la droite nous conduit tout droit à une société toujours plus dure et plus excluante. L’ordre juste c’est la liberté et la protection. Ce sont des valeurs et une morale. C’est la cohésion sociale et le mérite fondés sur l’égalité républicaine. C’est la démocratie à l’endroit. C’est une image de la France à l’extérieur. C’est la France en paix avec elle-même.
Ensuite, nous devrions beaucoup plus « accrocher » Sarkozy sur la continuité de sa candidature avec les 5 années que le pays vient de vivre. La logique voudrait que les Français se saisissent du rendez-vous électoral de 2007 pour transformer leurs avertissements précédents en sanction pure et simple. A quoi aurait-il servi d’avoir puni en 2004, d’avoir dit NON en 2005, d’avoir contesté dans la rue en 2006 pour se dédire en 2007 et garder le pouvoir sortant, quand vient le moment crucial de le changer au niveau national ? Certes, Sarkozy n’est pas que le continuateur de Chirac/Raffarin/Villepin. Il a tout pour faire pire !
Reste Bayrou, encore qu’il ne faudrait pas oublier l’extrême danger de l’extrême droite. Là aussi, allons à l’essentiel. Je ne crois pas qu’il soit opportun de trop s’interroger – a fortiori de se diviser – sur ce qu’il conviendrait de faire vis à vis de ce candidat au 2ème tour. Pas plus qu’est un argument celui qui consiste à prévenir que la victoire de la gauche aurait une allure de revanche… Jamais la gauche ne gagnera en s’excusant.
L’essentiel est quoi ? De montrer pourquoi il faut l’écarter dès le 1er tour sur la base de ce fait simple, limpide, sans appel : « voter Bayrou, c’est éliminer la gauche » comme le dit avec tant de bon sens mon ami Daniel Vaillant. Il serait quand même totalement absurde de refaire, autrement, c’est à dire non plus avec l’extrême droite mais avec l’extrême centre, ce qui s’est dramatiquement réalisé en avril 2002 !!
Ce ne serait d’ailleurs même pas la répétition du tête-à-queue de 2002 mais le retour au scénario de 1969, lorsque 2 candidats de droite s’étaient retrouvés au 2ème tour - Pompidou et Poher, les bonnets blancs et blancs bonnets. Ce que Lionel Jospin avait réussi à faire en 1995 – empêcher Chirac et Balladur de se départager au 2ème tour - alors qu’il était clair que le peuple ne voulait pas d’un 3ème mandat socialiste à l’Elysée, on ne pourrait pas le réussir cette fois-ci après 12 années de chiraquisme ? Allons ! Bayrou, c’est la même politique sur le fond que celle de Sarkozy avec une crise politique majeure en prime ! Car le pire qui puisse arriver à la France c’est une présidence impuissante face à une Assemblée nationale disloquée où l’on s’efforcerait de bricoler une force politique minoritaire à partir de transfuges de droite et de gauche. Outre que personne à gauche ne se prêterait à ce « jeu », c’est tout le régime politique de la France qui serait bloqué.
Susciter une envie de gauche c’est donc aussi dire clairement que le changement dans l’ordre appartient à la gauche rénovée.
Aller, il faut qu'on soit toujours plus mobilisé derrierre le point et la rose.
Rédigé par : MILENA | 24 mars 2007 à 15h21