Le président de la République a présenté ses grandes priorités pour maintenir l’Ile de France au premier rang des grandes métropoles mondiales. Je me félicite que l’Etat ait pris enfin la mesure des besoins à mobiliser pour assurer le développement polycentrique de la région capitale et améliorer considérablement les conditions de déplacement des franciliens, facteurs décisifs de compétitivité et de qualité de vie.
Cette volonté d’agir doit cependant se traduire par une véritable coopération avec les collectivités locales et une concertation étroite avec les élus sur les territoires concernés.
Les signes d’apaisement donnés par Nicolas Sarkozy doivent se matérialiser maintenant par des modalités concrètes de partenariat autour des enjeux stratégiques de notre région capitale : transports, développement économique, recherche et enseignement supérieur, logement, développement durable.
Le concours international d’architecture sur l’avenir de Paris Métropole a été une exceptionnelle contribution au débat public pour éclairer, non seulement les contours du projet métropolitain et de son mode de gouvernance, mais aussi pour définir les termes d'une nouvelle civilisation urbaine, la ville monde, la ville durable.
Les relations complexes de Paris avec sa banlieue, la crise aiguë du logement démontrent qu’il faut agir dans le cadre d’une coopération étroite pour avoir une action publique efficace. La constitution du syndicat Paris-Métropole est le fruit d'une patiente concertation entre Paris et ses voisins. Cette étape indispensable doit nous permettre d'enclencher une dynamique forte sur des actions immédiates et coordonnées d'intérêt général. En temps voulu, il nous faudra néanmoins aller plus loin et imaginer une formule plus intégrée de coopération regroupant les collectivités locales volontaires sur des projets d’intérêt commun ou des objectifs partagés.
Dans les prochains mois, il est nécessaire de trouver un compromis historique pour asseoir le développement de la métropole parisienne et faire preuve de courage sur les moyens à mobiliser.
Nous avons à résoudre des problèmes lourds qui pèsent sur la vie quotidienne de nos concitoyens :
1. Améliorer la mobilité, en réduisant fortement la place de la voiture, ce qui suppose d’avoir un programme massif d’investissements des transports en commun en banlieue qui supporte aujourd’hui 70% des déplacements quotidiens. Cela signifie un effort considérable de rattrapage dans les départements de grande couronne par des liaisons de banlieue à banlieue, notamment par le maillage de lignes de tramway ou de sites propres comme la liaison entre deux grands pôles d'excellence Evry et Orly-Rungis le long de la RN7, ainsi que l’amélioration de la qualité de service du réseau SNCF, surtout en matière de régularité et de sécurité sur les lignes RER.
2. Profiter de la généralisation de la carte Navigo pour dézoner intégralement le système de la carte orange et évoluer dans les 5 ans vers une carte de transports universelle modulant les tarifs en fonction des trajets effectués (selon la distance parcourue). Je propose enfin de simplifier les procédures d’instruction administrative des infrastructures de transports et d’impulser une fusion organique de la RATP et de la SNCF Ile-de-France afin d’avoir une gestion coordonnée des réseaux.
3. Résoudre la crise du logement qui entrave la mobilité résidentielle et parfois assigne à la relégation de nombreux quartiers populaires, grâce à une forte majoration du PTZ (Prêt à Taux Zéro) et une production foncière abondante et bon marché. Nous sommes aujourd’hui avec moins de 40000 logements par an, loin des objectifs de construction de 60 000 à 70 000 logements fixés par les pouvoirs publics. Par ailleurs, sans un nouvel élan donné à l'ANRU (Agence Nationale de Rénovation Urbaine), la ségrégation territoriale et sociale gagnera du terrain.
4. Achever la carte de l’intercommunalité, trop souvent organisé en Ile de France, sur des bases défensives, pour avoir à la bonne échelle des territoires bien structurés dans la perspective d’un développement harmonieux et d’une rationalisation de l’offre de services publics. Il est indispensable qu’une loi cadre en Ile-de-France dégage des ressources nouvelles (taxation des plus values foncières, déplafonnement de l’assiette et des taux du versement transport, relèvement de la taxe sur les bureaux, péage urbain sur le réseau autoroutier) pour répondre aux besoins énormes d’investissements. Elle devra aussi favoriser la coopération intercommunale sur la base de projets de territoires cohérents. Enfin, il s’agira de renforcer les mécanismes de solidarité financière entre les communes.
Après l'intervention du Président de la République, qui ne reprend pas les propositions d'Edouard Balladur et qui prône habilement le consensus et le dépassement des clivages politiques, il faut que les élus de gauche se saisissent de ces débats car ils sont en situation de responsabilité dans la plupart des collectivités locales en Ile-de-France. Nous devons être une force de propositions et d'initiative tout en jouant pleinement notre rôle dans la gestion de la région capitale.