10 ans après son accession au pouvoir, Tony Blair quitte donc Downing Street. Gordon Brown lui succède et va réorienter la politique britannique. Sera-ce dans un sens plus proche des valeurs de la gauche européenne ? Nous verrons bien.
Il est de bon ton en France de donner des leçons de socialisme à Tony Blair. Or, si je partage les critiques les plus vives à son encontre concernant l’engagement de son pays dans la désastreuse campagne d’Irak, je crois que son bilan intérieur doit être nuancé.
Soyons clairs, l’arrivée du New Labour n’aura pas été la grande reconquête sociale que nous espérions. Il reste beaucoup à faire en Grande-Bretagne pour réduire les inégalités et offrir un accès plus digne avec les standards progressistes notamment en matière de logement et d’éducation.
Tony Blair n’a néanmoins pas exercé le pouvoir dans le cadre français, il est entré en fonction après des années de thatchérisme. Alors que nous nous moquions du faible niveau du SMIC britannique lors de son introduction il y a dix ans, celui-ci est maintenant plus élevé que le SMIC français. Sa progression importante en 10 ans est la preuve que l’ambition salariale n’est pas le relent désuet d’un gauchisme infantilisant.
Autres résultats, le sauvetage de la NHS (National Health Service) même si beaucoup reste à faire pour améliorer la qualité des soins en Grande-Bretagne, le processus de paix en Irlande du Nord (ce n’est pas rien), un taux de croissance annuel moyen de 2,8% (!). La Grande-Bretagne sous Blair, c’est aussi du dynamisme culturel, sportif. Nous en avons le souvenir cuisant avec les futurs Jeux Olympiques...
Souhaitons à Gordon Brown de laver l’honneur de la Grande-Bretagne sur le dossier irakien et de savoir ouvrir une nouvelle étape dans la construction d’une Grande-Bretagne plus juste et plus forte dans une Europe politique plus dynamique.
Pour finir ce post, je tiens à recommander l’excellent téléfilm shakespearien « The Deal » où l’histoire secrète de l’accord Blair / Brown pour la conquête du pouvoir. Une œuvre universelle sur la tragédie permanente du lien « amitié – pouvoir ».
Cher Francis,
si Tony Blair a offert une vision plus pragmatique à la doctrine social democrate en accomplissant un train de mesures dont l'efficacité est acquise en matière d'emploi notamment et de relance de l'emprise publique, il est cependant désormais avéré qu'il a fait la démonstration qu'il n'y a pas d'engagements sociaux sans une approche économique libérale volontariste et assumée. En jouant habilement des mécanismes libéraux, il a démontré que la régulation sociale par l'économie est aujourd'hui une voie d'émancipation réaliste pour la classe " ouvrière". A ne pas occulter pour autant, un contexte culturel fort et d'éducation à l'économie forgé par les années de fer de maguy qui auront permis de fixer un curseur aux britaniques autrement plus réaliste et plus persuasif que l'évocation de répères historiques plus révolutionnaires en France, et si Sarko avait justement réussi à déplacer ce"curseur culturel" vers un songe bonapartien...? les temps seront alors très durs pour nous autres socialistes. Eduquer et responsabiliser pour faire émerger une conscience non plus de classe mais de masse, voilà notre défi et sans jamais plus offrir des songes mais des ambitions... Non mon cher Francis ?
Rédigé par : romanin | 29 juin 2007 à 22h24
There is no such thing as society
Rédigé par : Maggie | 29 juin 2007 à 22h26