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Valls : "Sarkozy incarne une aristocratie de l’argent"
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Comments

[Rédigé par : Flo]

Vous pensez sérieusement que la Gauche est armée pour affronter la “majorité” sur le terrain de l’identité nationale ?

Je vous rejoins sur un point : si la Droite parvient à monopoliser l’actualité sur le sujet de l’identité nationale, alors la Gauche n’a pas d’autres solutions que de se joindre aux débats (j’interprète vos propos mais ça revient au même au final). Cependant je trouve qu’un tel sujet mériterait plutôt d’être saboté en période de crise sociale, écologique, économique...mais apparemment l’opposition n’est pas capable, pour le moment, de se faire entendre sur les vrais sujets qui inquiètent, et c’est un euphémisme, les citoyens.
En tout cas, si le débat prend forme et c’est probable, je serais curieux de connaître comment le ps, par exemple, définirait l’expression “identité nationale” si tenté que celle-ci existe encore. Pour ma part, le fait d’être français ne me donne pas de satisfaction ni même de fierté particulière. J’aime bien mon pays parce que j’y vis, ça s’arrête là.
C’est sûr que part le passé l’identité nationale (que j’associe en gros à la patrie) avait un sens, mais maintenant, en a t-elle toujours un ?
Personnellement j’entre en guerre contre des régimes politiques et non contre des nations. Ce combat est international donc l’idée d’identité nationale me paraît éloignée.
Bien sûr, l’identité nationale peut aussi être associée à l’histoire de France, notre patrimoine, notre vieille exception culturelle… à part promouvoir ces trois éléments, il n’y pas grand chose à faire... l’essentiel reste de rejeter le parallèle émigration / identité nationale.

[Rédigé par : statusyo]

J'apprécie votre prise de position sur l'identité nationale. Il me semble en effet qu'il ne faut pas refuser le débat, sans toutefois être naïf sur les intentions du pouvoir: le calendrier choisi laisse perplexe, et on peut contester que ce soit le ministre de l'immigration qui lance cette discussion.

Deux observations:
- la tradition politique française se caractérise par une conception politique, ouverte, de la nation. Il s'agit là de l'un des plus beaux atouts de la France: grâce à cette définition politique de la nation, hostile aux élements éthno-culturels, la France a pu réussir l'intégration de ses immigrés. (cf Rogers Brubaker, Citoyenneté et nationalité en France et en Allemagne)

- On ne peut laisser le thème de l'identité nationale au FN car le FN c'est justement l'antithèse de l'identité nationale française. La mise en avant d'élements ethno-culturels, la méfiance à l'égard du droit du sol sont des idées qui ont certes été présentes en France au 19ème et au 20ème siècles lors de périodes de crise, mais qui n'ont jamais pu s'imposer. Elles sont l'opposé de la tradition politique française. Le FN ne peut donc se prévaloir de défendre cette tradition.

Enfin, la question de l'identité nationale doit être posée et débattue car la mondialisation, en restrucurant la carte des puissances mondiales, affecte l'identité française. Dans ce contexte, les éléments ethno-culturels acquièrent une importance nouvelle: on ne cesse de parler de "l'exception culturelle française", on a inscrit le français dans la Constitution (auparavant vierge de données culturelles), et aujourd'hui, Sarkozy nous parle de la "terre" (avec tous les relents nauséabonds que cela peut avoir...) Il y a, je pense, dans certaines strates de la population une forme d'éthnicisation de la compréhension de la nation.

Ainsi, le rôle de la gauche que vous incarnez parfaitement consiste à prendre à bras le corps la question de l'identité nationale, pour réaffirmer la prééminence de la conception politique de la nation face à la droite et à une certaine désorientation de la population française. Mais le défi le plus redoutable à relever consiste à trouver une place heureuse pour la France dans la mondialisation afin de mettre un terme aux troubles de l'identité française. Vous êtes bien le seul à pouvoir aujourd'hui apporter des réponses à gauche à ces problèmes.