L'interview de Martine Aubry dans le quotidien le Monde, trois jours avant le séminaire du bureau national du PS-auquel je participerai- est une parfaite illustration des contradictions qui traversent le PS depuis le Congrès de Reims et des débats de posture qui nous détournent des véritables enjeux avant les élections régionales de 2010.
Certes, je partage l’idée que « la gauche a eu tort de ne pas faire la réforme des retraites », qu’il faut penser la durée du travail tout au long de la vie ou l’organisation de la ville autrement… Mais tout cela est bien trop général, donne le sentiment d’un temps de retard et apparaît bien défensif.
Cependant, il y a plus grave.
Martine Aubry nous dit que le parti socialiste est en ordre de marche pour affronter de nouvelles défaites. Tel le chef d'orchestre sur le pont du Titanic, elle convie les socialistes à bien lire leur partition tout en leur cachant la vérité sur l'ampleur des voies d'eau constatées sur le navire. En effet, je ne trouve dans cette intervention aucune explication sur les causes profondes de l'affaiblissement du parti socialiste, aucune remise en cause individuelle ou collective dans le naufrage. Martine Aubry donne le sentiment d'être préoccupée davantage par le souci de sauver l'appareil du PS que de sauver la gauche. Et cela nos électeurs ne sauraient l'accepter tel quel. En revanche, elle persiste à ressasser la vieille idée selon laquelle il conviendrait de se concentrer d'abord sur le projet avant de se soucier de savoir qui le portera alors que nous savons parfaitement que sans un leader capable de porter haut et fort les couleurs d'une gauche renouvelée et modernisée le débat s'enlisera pendant qu'en coulisses les couteaux s'aiguiseront. Ce n'est pas en réinventant l'eau tiède des valeurs de la gauche que celle-ci a la moindre chance de reconquérir le pouvoir. Martine Aubry se présente comme un adversaire résolu de Nicolas Sarkozy. Pourtant en la lisant, je crains que ce dernier ne se dise : avec une gauche comme celle-là la droite a de beaux jours devant elle ! J'appelle à la lucidité, il suffit de lire son interview récente dans le Nouvel Observateur pour s'apercevoir qu'il est toujours mobile, qu’il se recentre et ne perd pas une occasion de bousculer l'ordre établi de la vie politique.
Pourtant, il y a urgence. Le PS a besoin de se forger une nouvelle identité qui tarde à se concrétiser depuis la fin du bloc soviétique, bien au-delà du postmatérialisme et de la mondialisation. Il s'agit en réalité ni plus ni moins d'offrir une voie nouvelle, audacieuse et visionnaire à la gauche face aux défis de notre temps, répondant aux besoins d'autonomie individuelle et de nouveaux droits collectifs, en définissant ce qui différencie la gauche de la droite, comme je l’ai fait lundi dernier au Théâtre Michel. C'est à cela que je souhaite pleinement me consacrer et apporter mes idées dans les prochains mois. C’est le sens de ma candidature qui s’incarne bien dans un projet de gauche qui ne peut être confondu dans un recueil de généralités.
Nous devons aussi nous mettre d'accord sur une méthode avant la fin de l'année 2009 pour désigner notre candidat à l'élection présidentielle de 2012 sur la base d'une primaire ouverte et populaire qui nous permette de transcender notre formation aujourd’hui repliée sur elle-même. C'est de mon point de vue le signal fort qu'il faut envoyer au citoyen de gauche qui attend avec impatience des témoignages de respect et de sincérité. Considérer « le débat sur les primaires second » montre bien l’absence de lucidité sur l’état du PS. On ne peut pas faire référence à Barack Obama et sa modernité et oublier qu’il a été désigné par un Parti Démocrate dont la base électorale avait été considérablement élargie. A un nouveau projet doit correspondre aussi une nouvelle forme d’organisation politique. Nous devons donc reprendre l’initiative et imprimer un mouvement, alors que Daniel Cohn-Bendit appelle les écologistes du PS et du MODEM à le rejoindre pour bâtir une nouvelle offre politique, considérant le PS comme « moribond ».
Il serait donc temps d'avoir une réflexion approfondie sur notre stratégie électorale à l'approche des élections régionales pour réunir les conditions d'un succès en mars 2010. Je plaide pour une large coalition qui intègre les Verts et le MODEM. Disons le tout de suite au lieu de subir les résultats du 1er tour des élections régionales.
Ne laissons pas aux écologistes le monopole du mouvement et de l'optimisme alors que nous devrions être à la pointe des idées !
PS: je me félicite de la nette victoire du front républicain à Henin-Beaumont et de Daniel Duquenne qui doit beaucoup à la campagne de terrain de ce dernier et à la mobilisation exceptionnelle des électeurs qui ne voulaient pas que leur ville soit stigmatisée. Il est temps, aussi, que le PS tire les conséquences d'une gestion politique désastreuse qui a failli donner une ville à la famille Le Pen et créer les conditions d'un rebond pour le FN...
Merci enfin à Dany Boon! Il a su trouver les mots justes pour appeler les électeurs à faire barrage à l'extrême-droite.
Elle n'a rien compris. Pire, on dirait qu'elle s'accomode de l'absence de perspective nationale pour le PS à condition que rien ne change, c'est grave...
Rédigé par : Fabien Moreau | dimanche 05 juil 2009 à 22h16
A force d'entendre les responsables PS dire qu'il leur faut se remuer et proposer du concret, on finit par être impatients!
Pourtant les propositions concrètes ne manquent pas de sujets:
1/ Antoine Zacharias a quitté le Groupe Vinci avec 274 millions d’euros…pour l’avoir conduit où l’on sait, et le SMIC de ce 1er Juillet n’aura pas reçu le moindre coup de pouce!
(A titre d’indication, Platon pensait qu’une société ne serait plus viable lorsque le rapport entre les revenus des citoyens dépasseraient un facteur 4.)
Que propose le PS pour empêcher à l'avenir ce genre de scandale:
Un salaire maximum?
Une tranche fiscale dissuasive?
Suppression des stock-options, parachutes, etc.?
2/ Les libéraux prétendent que l’indexation des salaires est désastreuse et doit être évitée.
Comment expliquent-t-ils, dans ce cas, que l’indexation ait pu aller de pair en France avec notre croissance (…jusqu’au tournant de la rigueur!) et que, d’autre part, les grands patrons la trouvent si désastreuse qu’ils n’ont pas oublié de l’appliquer, ô combien, …à eux-mêmes!
Quid de l'indexation des salaires, au PS ?
3/ Jean Peyrelevade se targue dans son ouvrage (Sarkozy: l'erreur historique) d’être l’un des principaux protagonistes auprés de Pierre Mauroy du tournant de la rigueur 1982-83. Lui qui fut l'inspirateur économique de F.Bayrou lors de la campagne présidentielle 2007, et préssenti comme futur responsable de sa politique économique en cas de succés présidentiel… évoque avec gourmandise “les fantaisies des premiers mois de la gestion mitterandienne”. Rappelons qu’à l’époque notre dette publique avoisinait 20%, alors qu’aprés la potion peyrelevadienne et les années de privatisation qui s’en suivirent, elle avoisine aujourd’hui 80%!
Etrange victoire de l’économie “libérée” sur l’économie “administrée”!
Quelle proposition du PS face à ce choix...et pas de langue de bois!
4/ Toujours dans son livre dont le dépôt légal est Août 2008, soit quelques mois avant que n’éclate au grand jour la crise 2009, due à la bulle des “subprime” couvant depuis des années, J.Peyrelevade ne trouve surtout rien à redire à la gestion des banques dont il fut l’un des grands responsables durant cette période!
Là encore, quelle vision, quelle victoire de l’indépendance des banques et de l’ultra-libéralisme, sur le service public nationalisé et sur la régulation de l’économie !
Les subprimes n’auraient pu s’infiltrer aussi aisément si notre secteur du crédit était resté nationalisé, comme l’avait voulu initialement le gouvernement d’union aprés la Libération.
Là encore, position du PS sur la nationalisation du secteur bancaire (qu'avait privatisé Lionel Jospin) pour en faire un service public ?
5/ La situation est encore plus alarmante dans le cas, qui va croissant, de la globalisation à outrance: on voit des entreprises qui doivent tout leur savoir-faire, leur existence même, aux générations de nationaux qui s’y sont succédées, et qui peuvent brutalement délocaliser cet acquis, sous la férule de managers mercenaires qui vont chercher ailleurs la précieuse “marge d’exploitation”, au détriment de la nation d’origine, et pour le seul bénéfice d’actionnaires internationaux anonymes.
Voilà à quel anti-humanisme nous a conduit l’idéologie dominante que dénonce, aujourd’hui-même, Max Dorra dans “Le Monde” (”Contre la cécité volontaire”)!
Que l’on comprenne bien la critique ci-dessus: il ne s’agit pas, au nom d’un nationalisme égoiste de pays nantis, de laisser à l’écart ceux dont le développement est inférieur. Mais il ne s’agit pas non plus de déshabiller Paul pour habiller Jacques. Or, c’est ce que font toutes les multinationales en exploitant sans vergogne les différences de revenus et de pouvoirs d’achat entre pays, par dessus la tête des nations et de leurs gouvernements, sans en supporter en retour la moindre conséquence. Imaginons un instant ce qui se passerait si tous les citoyens français pouvaient payer leurs impôts dans le pays dont le régime fiscal leur est le plus favorable (c’est, du reste, ce que font certains privilégiés)…notre nation ne pourrait tout simplement pas survivre!
Nous sommes bien là au coeur du sujet, le partage de la richesse créée: où est la richesse créée lorsqu’une marchandise produite pour quelques bols de riz, est revendue dans un pays dont ni les coûts, ni la monnaie, ni le pouvoir d’achat n’ont un rapport quelconque avec ceux du pays d’origine? Lorsque l’on parlera dans quelques siècles de ce traffic en usage à notre époque dans le commerce international, on en parlera sans doute comme l’on parle aujourd’hui du traffic d’esclaves à l’époque du commerce triangulaire:
Certains trouvaient que ce commerce, fort lucratif, favorisait le développement de compagnies à forte croissance, de nouvelles fortunes, au détriment malheureusement du travailleur autochtone dont le coût du travail se trouvait dévalorisé d’autant, au point que leur race s’éteignit ou fut confinée à certains territoires (ils avaient connu un age d’or, et ne purent se contraindre à travailler en pareille servitude).
Le PS compte-t-il continuer sa collaboration en Europe avec le social-libéralisme, qui y règne, et son bon voisinage avec Pascal Lamy, qui est un ultra-libéral?
Lectures conseillées:
Serge Halimi: Le grand bon en arrière. Comment l’ordre libéral s’impose au monde (Fayard, 2006)
Raoul Marc Jennar: Europe, la trahison des économistes (Fayard, 2004)
Etienne de la Boétie: Discours sur la servitude volontaire (XVIe, Garnier-Flammarion)
Rédigé par : Hadrien | lundi 06 juil 2009 à 01h32
Bonjour Manuel,
Lundi soir au théatre Michel, tu nous as dessiné un horizon comme on dessine un projet, un futur ou comme on projette un dessein... Aujourd'hui tu viens de l'élargir, de l'éclaircir, de lui donner une direction...
Oui à cette union et travaillons ensemble pour que tu en sois le centre et que tu rassembles ce qui est épart !!!
Rédigé par : Alain Della Gaspera | lundi 06 juil 2009 à 11h20
M. le député-maire,
comme vous l'exprimez très justement , 'le Président est toujours mobile, il se recentre et ne perd pas une occasion de bousculer l'ordre établi de la vie politique' (sic).
Exemple : il reçoit Michel Rocard au palais de l'élysée, ce soir à 19h pour discuter choix des investissement.
Salutations dévouées et respectueuses.
Rédigé par : André Guidi | lundi 06 juil 2009 à 16h01
Je préfère nettement une coalition avec les Verts et les MoDem plutôt qu'avec les communistes. C'est ce que je me disais depuis le début. Ca paraît plus logique comme ça. Avez- vous abandonner l'idée d'une coalition avec les communistes?
Là, je pense mieux vous comprendre que la dernière fois. Mais, il faudrait approfondir encore plus, je crois. Ca reste encore un peu vague.
Bonne Chance et bon courage dans vos projets.
+++.
Rédigé par : Nonor512 | lundi 06 juil 2009 à 17h19
Merci beaucoup M. Valls pour incarner une gauche d'action qui ne doit plus perdre de temps.
2012 se rapproche et cela faisait bien longtemps que je ne m'étais plus réjouis d'un projet comme le votre.
Rédigé par : Pierre | lundi 06 juil 2009 à 22h38
Tu en appelles aux Verts et au Modem, mais te rends-tu compte que les Verts n'existent pas sans les électeurs apolitiques et les électeurs de gauche ? J'ai voté pour E.E., j'ai refusé de me laisser berner par le PS pourtant j'ai fait campagne pour vous. Et puis j'ai constaté sur le terrain que certains "groupes" ne faisaient pas campagne, se contentaient d'être présents, satisfaits d'avoir obtenu des élus ici ou là. Alors j'ai pris ma décision, de ne pas voter pour vous. Parce que à la limite pour un trop grand nombre de militants, vous n'existez pas, seul compte la perspective pour eux d'arriver où vous êtes.
Ton message et ton leader seront respectés quand il y aura eu rénovation du parti. Si les primaires sont obligatoires, c'est parce que ce parti n'a plus de militants, il n'a plus que des élus en espérance ou en devenir. De cela il faudrait aussi que tu te préoccupes. Si tu veux toujours être socialiste, bien entendu, ce qui pour un rocardien n'est jamais certain ...
Rédigé par : kiwi | mardi 07 juil 2009 à 13h45
Suite à la lettre de M.Aubry vous demandant de faire un choix, je tiens à vous apporter mon soutien, vous faites renaître l'espoir pour 2012 et je pense retrouver l'envie de voter à gauche grâce à vous, et nous sommes nombreux dans mon entourage à le penser
Merci et courage
Rédigé par : Evelyne | mercredi 15 juil 2009 à 19h43
L'immobilisme du Parti Socialiste, du moins tel qu'il apparaît, est en réalité un business médiocre destiné à capter la manne républicaine au profit d'une clique de "has been" grincheux qui veulent terminer leur carrière tranquillement. Martine Aubry, pratique un "autoritarisme" destiné à ameuter les "godillots" d'un autre temps. Peut-être qu'un jour,verra-t-on (tous) les partis politiques défendre (avec esprit de justice) les voeux de leurs électeurs tout en servant le pays en général- au lieu de se comporter comme des ennemis mortels irréductibles - ne rêvant que de prébendes... Manuel Valls et les gens de sa génération sont dans cette action. Qu'ils agissent vite avant de devenir atrabilaires à leur tour
Rédigé par : jacques montagne | mercredi 15 juil 2009 à 20h16
bonjour Manuel.
très fière et très heureuse qu'il y ait des élus aussi pugnaces que toi.j'ai revu la vidéo ( annonce des résultats du congrès de sinistre mémoire !) et j'étais alors totalement fier de toi...mais je ne voudrais pas que tu oublies que c'est AVEC ségolène royal, que tu dois faire la route, pour nous militants, et pour la France.C'est vrai qu'il faut des responsables PS, comme toi, pour hurler la rage qui nous étrangle, nous militants...mais te trompe pas de combat, STP,n'oublie pas!Vous jeunes élus, ne reproduisez pas les erreurs coupables et suicidaires de vos aînés éléphants lors ds présidentielles, puis du congrès!Si tu veux pouvoir compter sur nous, il faut que l'on puisse compter sur toi!
En avant, avec le PS et S Royal !
fraternellement, Clo Martinez
Rédigé par : clo Martinez | mardi 28 juil 2009 à 12h50
Bravo pour le franc parler
comment vous rejoindre et vous aider ?
Rédigé par : superjms | samedi 08 août 2009 à 16h04