Le goût de l'épique n'est décidément pas mort en politique. Comme Danton face à l'ennemi, certains à gauche voudraient aujourd'hui, face à Sarkozy, proclamer « la République en danger ». Citoyens, citoyennes, formez les bataillons ! A l'horizon pointe à nouveau le moulin de Valmy...
Éditée début mars par Solfé Communications, la brochure sur la France en libertés surveillées sonne le tocsin et entend démontrer que « les droits collectifs et individuels sont un à un remis en cause » depuis mai 2007. Avec la virulence propre aux brûlots, elle s'attaque au bilan de la droite au pouvoir et dresse le constat d'un « terrible recul des libertés » au fil d'un long abécédaire (D comme Dénonciation, R comme Rafles...).
La violence du ton ne fait pas toujours, hélas, la force du propos. Comme bien des pamphlets, cet ouvrage part d'idées justes, s'échauffe sous l'effet de ses premières vérités, s'exalte page après page et finit par brouiller son message sous l'épaisseur du trait. Tâchons plutôt de garder la tête froide au risque de dégriser l'enthousiasme.
Bien entendu, nos critiques à l'égard de l'exercice du pouvoir par le Président de la République – qu'il s'agisse de son omniprésence, de l'affaire Pérol ou de la désignation des responsables de l'audiovisuel public – doivent être inflexibles. Et elles seront d'autant plus audibles qu'elles s'appuieront sur un projet global d'approfondissement de notre démocratie.
Oui, nous, socialistes, devons dire que la loi pénale est devenue l'otage de l'émotion publique. Avec tous les membres de mon groupe, je l'ai souligné à la tribune de l'Assemblée nationale à l'occasion des discussions des lois sur la récidive et la rétention de sûreté.
Oui, nous devons proposer une autre politique de l'immigration, réaliste, maitrisée, basée sur des critères partagés par tous. Conduits par l’énergie de construire ailleurs une vie meilleure, les immigrés peuvent être une chance pour notre pays. L’immigration n’est pas un fléau, la traque des sans-papiers et l’instrumentalisation politique de ce thème sont indignes et contraires à nos traditions.
Oui, nous devons dénoncer les approches managériales des problèmes qui sacrifient la réflexion sur les fins au profit de l'efficacité des moyens. Lors de l'examen de la loi relative au travail législatif, j'ai combattu la conception selon laquelle le Parlement devrait être le rouage d'un engrenage chronométré.
Oui, enfin, nous devons refuser le faux choix entre la liberté et la sécurité. Et c'est même précisément parce que la droite échoue à rétablir cette sécurité dans les quartiers populaires que nous devons rappeler – sans honte et sans faiblesse – qu'elle est l'une des premières libertés des citoyens qui y vivent.
Tout cela constitue-t-il, pour autant, « un mouvement historique de régression des droits » et un projet concerté « d'étouffement systématique de tous les contre-pouvoirs » ? Ma réponse est non. Faut-il voir dans ces évolutions la manœuvre réfléchie et diabolique d'un Bonaparte en Ray-ban ? Ma réponse est encore non. Alors qu'il aurait pu placer des flèches bien acérées, l'ouvrage me paraît avoir raté sa cible en utilisant l'artillerie lourde.
La France en libertés surveillées illustre ainsi, de manière exemplaire, les difficultés de l'opposition à trouver le ton juste. Déboussolés par nos défaites consécutives aux élections nationales, certains responsables de notre parti cherchent encore leur cap entre le gauchisme infantile et l'anti-sarkozysme obsessionnel.
Du gauchisme, ce livre retient la vision complotiste et paranoïaque de l'Histoire. Une fois acceptée la prémisse selon laquelle l'adversaire est foncièrement mauvais et dangereux, tout s'enchaîne : ce qui semblait sans rapport – l'état des finances locales (lettre C) et l'interdiction du don du sang des homosexuels (lettre I) – s'intègre soudain dans un plan fantastique contre les libertés du peuple.
Quant à l'anti-sarkozysme, cet ouvrage renoue avec les meilleures pages des Inquiétantes ruptures de Monsieur Sarkozy publiées durant la campagne présidentielle. Faire de Sarkozy un démiurge capable d'ébranler, à lui seul, les institutions républicaines et les droits fondamentaux, c'est témoigner d'une répulsion qui confine à la fascination. En noircissant son portrait à l'excès, il grandit le personnage et donne le sentiment d'une réaction hystérique de la faiblesse devant la manifestation de la force.
A notre époque, les libertés individuelles sont menacées, hélas, par des dangers beaucoup plus pernicieux que par le retour de l'Usurpateur. Penser que « la société de surveillance » est ordonnée depuis un bureau du Palais de l'Elysée trahit une méconnaissance coupable de la complexité du phénomène.
Depuis les analyses de Foucault et Deleuze, la gauche devrait savoir que les mécanismes de contrôle ont aujourd'hui essaimé dans tout l'espace public et qu'ils fonctionnent avec la participation – pour ne pas dire la complicité – de tous. L'audimat des émissions de « télé réalité » comme le succès des « réseaux sociaux » sur internet en sont les preuves les plus récentes. Rétablir la dignité de la personne, révéler l'ordre dans la suggestion, lutter contre l'aliénation au virtuel, protéger la vie privée contre les moteurs de recherche... voilà des chantiers nouveaux et ambitieux pour la gauche du 21ème siècle !
Redonner du sens à l'action publique et une pertinence au clivage politique est le défi de la postmodernité. Nous n'y parviendrons pas en nous réfugiant dans les postures du passé. Nous ne le pourrons qu'en préférant la rigueur éthique au style épique. Clin d'oeil au « Printemps des peuples » de 1848, le « Printemps des libertés » organisé au Zénith est, à cet égard, une occasion ratée. Accoler des grandes causes à des phénomènes naturels tient désormais du kitsch en Europe occidentale. Le PS témoignera aussi de sa vitalité retrouvée lorsqu'il rendra son innocence au cycle des saisons...
Augmentation exponentielle des garde à vue, de la population carcérale, multiplication des fichiers et des lois restreignant l'espace privé, criminalisation des sans papiers. Personnalisation et concentration des pouvoirs se conjugant au singulier (audiovisuel, médiatique, institutionnel, judiciaire). Dans toute autre démocratie, le tocsin sonnerait. A l'approche du bal des prétendants au maroquin, les postulants se font beaux et disent exactement ce que certains veulent entendre.
Rédigé par : marcus | mercredi 25 mar 2009 à 11h53
Mr Valls tente faire son trou, car il voit loin et essai de se démarquer du PS qui est ni plus ni moins une secte ......
Rédigé par : Olivier | mercredi 25 mar 2009 à 12h04
Ce qui est invraisemblable, c'est que beaucoup ici s'acharnent à répéter que Manuel Valls est de droite et qu'il va trahir le PS pour rejoindre Sarkozy. Mais, au juste, est-ce ce que vous pensez devoir advenir ou ce que vous souhaitez?
Je pencherais pour la deuxième solution. Ce discours permanent de rejet et de procès en traitrise montre que vous ne pouvez pas accepter un discours différent. Certes, MV tient des positions qui sur certains thèmes ont de quoi être qualifiées de positions de droite, mais il n'a pas rejoint le gouvernement quand on le lui a proposé. MV veut que le PS change, il a le droit de dire ce qu'il pense, en l'occurrence il n'a pas fait quoi que ce soit pour donner quelque impact médiatique que ce soit à ses propos. On devrait plutôt être contents d'avoir à nos côtés quelqu'un qui a du talent et qui, n'en déplaise à certains, n'est pas un traitre.
Quand à ce qu'il dit, critiquer un antisarkzysme pavlovien, ce n'est pas dénoncer l'antisarkozysme. Sa critique porte sur la forme, pas sur le fond, et si elle a eu cet impact médiatique, ce n'est pas pour rien.
Rédigé par : Moreau Fabien | mercredi 25 mar 2009 à 12h12
Et puis franchement, tout le monde reconnaît que cette direction fait n'importe quoi, de la merde, de la merde, et encore de la merde, alors pourquoi trouver anormal que quelqu'un le dise? Pierre Moscovici aussi laisse apparaître dans ses articles - cf "Le mythe du patron caché" - que les choix politiques fait sous Aubry sont archaïques. Allez-vous maintenant dire que lui aussi est de droite? Pour être de gauche, faut-il parler le langage de Hamon?
Rédigé par : Moreau Fabien | mercredi 25 mar 2009 à 12h17
@Virgil Brill
Merci! Tu es en désaccord avec lui, moi je suis d'accord avec lui, mais merci! Merci de ne pas accepter ces trombes de haine qui ne sont ni rationnelles, ni démocratiques! On ne pourra jamais sortir le PS de l'impasse si on s'envoie des "c'est de droite!" comme on s'enverrait "c'est du fascisme!" à chaque fois qu'on est en désaccord!
Merci!
Rédigé par : Moreau Fabien | mercredi 25 mar 2009 à 12h20
@ Moreau Fabien
D'accord que les choix de la direction actuelle du parti peuvent être archaiques, mais Sego aurait-elle fait mieux...? car à part faire des shows où elle se prend pour une star et faire bourdes sur bourdes, de quoi est-elle capable?! Alors que le PS se trouve enfin un leader digne de ce nom, compétent, renovateur, et on aura peut-être une chance de gangner en 2012.
Rédigé par : Emmanuelle | mercredi 25 mar 2009 à 12h31
Vous donnez une excellente appréciation de l'antisarkosisme primaire qui ne permettra jamais d'aborder les sujets brulants avec lucidité et sérénité.
Les mots outrageants que je vois sur certains posts sont inconséquents et détournés de la réalité.
On vit en démocratie et en république.Les droits ces citoyens ne sont pas réduits à ceux des soviets .
M.Walls merci pour votre honneur et votre sang-froid.
Rédigé par : billon | mercredi 25 mar 2009 à 17h13
Je suis fort aise de ne faire parti d'aucun parti, j'ai lu les posts précédents, et m'encourage a ne jamais faire parti de ces partis.......
Qu'a dit Mr Valls, rien de bien méchant, que l'anti-sarkozisme (pavlovien) ne sert fondamentallement que l'actuel locataire de l'elysée . C'est tout... c'est déjà beaucoup pour les dirigeants actuels......
Rédigé par : vincent | jeudi 26 mar 2009 à 13h37
Bonjour Manuel,
Pour te soutenir, j'ai fait un long texte d'analyse défendant tes positions prises dans cette tribune.
voici le lien, pour ceux que ça intéresse:
http://renovationetpragmatisme.blogspot.com/2009/03/quand-valls-se-demarque-les-demagos.html
Amitiés
Rédigé par : Timothee | jeudi 26 mar 2009 à 16h32
Encore des faits de la part du chien pavlov
http://tempsreel.nouvelobs.com/speciales/medias__pouvoirs/20090326.OBS0797/journalistes_convoques_par_la_police__la_ldh_sinquiete_.html
Rédigé par : francois ducau | jeudi 26 mar 2009 à 19h11
Je tiens à dire (par honnêteté) que je ne suis pas de votre bord politique, mais j'apprécie enfin de lire un discours d'opposant qui ne part pas dans un discours délirant et démagogique.
J'attends depuis maintenant longtemps de la part du PS de vrais idées modernes, un vrai projet et j'espère trés sincèrement qu'une génération de nouveaux dirigeants modernes permettra de reconstruire une alternative démocratique crédible.bon courage philippe
Rédigé par : jean philippe | jeudi 26 mar 2009 à 22h11
comme je suis têtu et que les faits me donnent raison, voici encore un autre exemple :
http://www.rue89.com/marseille/2009/03/27/le-passage-de-fillon-envoie-les-etudiants-en-garde-a-vue
Mais il n'y a pas d'atteinte aux libertés dans notre pays....
pavlov continue à chercher et à trouver
Rédigé par : François Ducau | vendredi 27 mar 2009 à 23h24
Pas d'accord
Tout simplement, j'ai le sentiment que M M Valls sous estime la mégalomanie de N Sarkozy et la fascination que M Valls prête aux adversaires de NS me parait plus dangereuse parmi les supporters de l'omniprésident car elle conforte son travers.
Mais bien sùr nous veillons et il faut faire savoir que nous veillons.
Rédigé par : steph | samedi 28 mar 2009 à 12h12
M. Valls = la 5ème colonne
Rédigé par : Raphaël | samedi 28 mar 2009 à 14h13
Bonjour,
Voici encore un exemple :
http://www.libeorleans.fr/libe/2009/03/universit-lvacu.html
Continuez à nier la réalité.
Pavlov
Rédigé par : Francois Ducau | dimanche 29 mar 2009 à 14h57
Salut monsieur Valls
un milliardaire a dit en parlant de Nicolas Sarkozy :
"C'est un vrai ami. Je le connais depuis de nombreuses années. Nous avons participé ensemble à des actions contre le racisme et, depuis, j'ai avec lui des liens assez proches..."
Celui qui trouve la réponse a gagné une carte de Désir d'Avenir
Rédigé par : rimbus | dimanche 29 mar 2009 à 15h39
Bonjour Manuel,
Focaliser sur la personne de N. Sarkozy ne fait pas toujours avancer le débat politique, j'en conviens, mais a un effet cathartique face à l'insécurité engendrée par la crise. Ça défoule ! Reconnais quand même qu'il y met du sien ! Ceci dit, c'est effectivement rentrer dans son jeu (et celui des médias) de la politique de l'émotion.
Ce n'est pas à toi, camarade, que je vais apprendre que N. Sarkozy ne représente pas que lui-même mais une vision ultra-libérale de la société, cachée derrière un discours populiste, et soutenue par une frange d'hommes et de femmes qui ont un intérêt personnel à ce que le pays aille dans cette direction.
Je crois que tu sous-estimes le pouvoir de ces groupe de pression. La politique qu'illustre N. Sarkozy ne va pas vraiment dans le sens du respect des personnes et de l'intérêt général mais plutôt dans celui de l'intérêt de quelques nantis.
Je pense que la succession de mesures désordonnées prises par le gouvernement actuel (sans concertation ni études préalables visant une réelle maîtrise des dépenses et une optimisations des moyens) s'inscrit dans une politique parfaitement cohérente de démantèlement des services publics et de marchandisation des biens et des personnes.
La France est encore une démocratie, certes, mais soyons vigilants. Certaines atteintes récentes à la séparation des pouvoirs me semblent inquiétantes. Gardons notre capacité d'indignation et de résistance face à des remises en cause honteuses pour notre République de droits fondamentaux d'hommes, de femmes et d'enfants et soutenons celles et ceux qui luttent, sur le terrain (et sur plusieurs fronts) pour une société plus juste, ici et maintenant, et un avenir meilleur pour nos enfants et ceux des autres, sur la planète.
Tu parles de "redonner du sens à l'action publique" mais c'est en remettant l'action publique au service de l'intérêt général qu'on lui redonnera tout son sens, ainsi qu'en favorisant la ré-appropriation par les citoyens de l'action politique (dans le sens originel de vie publique de la cité). La notion de démocratie participative, chère au courant auquel tu appartiens, prend tout son sens dans ce cadre-là.
La mise en place des nouveaux réseaux de vigilance citoyenne que favorise le Net permet l'émergence de contre-pouvoirs (et accessoirement de préparer les prochaines élections présidentielles). Une fois alertés, les hommes et femmes politiques (et tout particulièrement ceux du PS) doivent assumer leur rôle de dirigeants en effectuant des constats, en légiférant et en faisant appliquer les nouvelles lois ou bien en dénonçant les injustices ou irrégularités et en faisant des contre-propositions s'ils sont dans l'opposition.
Ta formule de "redonner de la pertinence au clivage politique" me laisse un peu perplexe. S'il s'agit de re-donner au PS une crédibilité de parti de gouvernement, je ne peux qu'être d'accord avec toi. Mais pas à n'importe quel prix, nous risquerions d'y perdre notre âme. Trotsky disait : pour que la fin justifie les moyens, encore faut-il que la fin soit justifiée. A méditer... On prend à l'extrême-gauche ce que l'on veut, ou ce que l'on peut.
Tu parles de clivage (le mot est fort) politique, donc, si je comprends bien ta pensée, la rupture avec l'action politique de N. Sarkozy devrait être d'autant plus forte. Pourtant, certaines de tes prises de position ne me semblent pas aller dans le sens d'une rupture franche avec sa politique d'où l'incompréhension et la colère de certains militants ou sympathisants, et des attaques virulentes, parfois indignes je le reconnais, à ton encontre. Le décalage porte-t-il sur le fond ou sur la forme ?
Amitiés socialistes
Laurence (PS11)
Rédigé par : Laurence Bergès | dimanche 29 mar 2009 à 20h20
A lire tout ça, il est clair que le PS s'enfonce dans l'impasse de "la lutte" contre "l'ultra-libéralisme".
Or s'il y a bien un problème auquel est confronté le PS en particulier aujourd'hui, ce n'est certainement pas celui du "libéralisme", fut-il "ultra".
Le problème auquel est confronté le PS aujourd'hui, et toute la gauche avec le PS, au fond, tout le monde le sait, c'est la problème de la "démocratie". En particulier, le sens que la gauche donne à ce mot.
Quand on lit Laurence Bergès qui signe "amitiés socialistes" (!!!, c'est quoi une amitié qui est socialiste. Et une amitié qui n'est pas socialiste?), après avoir décrèté que "La France est encore une démocratie, certes, mais soyons vigilants", on sait une chose: Au PS, socialiste assermentée, elle a probablement discuté du sens du mot "socialiste", donc, mais elle ne s'est jamais posé la question de savoir quel est le sens du mot "démocratie".
C'est la raison pour laquelle elle peut se permettre de dire que la France est encore une "démocratie", sans avoir à se demander, par exemple, depuis quand la France est une "démocratie". Depuis le 10 Mai 1981? Depuis le 6 juin 1944? Depuis 1939? 36? 14? 18?
La tragédie de la gauche, en France et en Europe, s'est d'avoir fait du mot "démocratie" un mot dépourvu de sens. Depuis le 14 juillet 1989.
Rédigé par : henri | lundi 30 mar 2009 à 10h56
"La tragédie de la gauche, en France et en Europe, s'est d'avoir fait du mot "démocratie" un mot dépourvu de sens. Depuis le 14 juillet 1789."
Evidemment, tout le monde a corrigé la faute de frappe.
Rédigé par : henri | lundi 30 mar 2009 à 11h41
La répression politique au quotidien: histoire d'une interdiction
31 Mars 2009 Par Claude-Marie Vadrot
« Je suis inquiet, très, très inquiet...
Vendredi dernier, à titre de solidarité avec mes collègues enseignants de l’Université de Paris 8 engagés, en tant que titulaires et chercheurs de l’Education Nationale, dans une opposition difficile à Valérie Pécresse, j’ai décidé de tenir mon cours sur la biodiversité et l’origine de la protection des espèces et des espaces, que je donne habituellement dans les locaux du département de Géographie (où j’enseigne depuis 20 ans), dans l’espace du Jardin des Plantes (Muséum National d’Histoire Naturelle), là où fut inventée la protection de la nature. Une façon, avec ce « cours hors les murs », de faire découvrir ces lieux aux étudiants et d’être solidaire avec la grogne actuelle mais sans les pénaliser avant leurs partiels.
Mardi, arrivé à 14 h 30, avant les étudiants, j’ai eu la surprise de me voir interpeller dés l’entrée franchie par le chef du service de sécurité tout en constatant que les deux portes du 36 rue Geoffroy Saint Hilaire était gardées par des vigiles...
- « Monsieur Vadrot ? ».
- euh...oui
- Je suis chargé de vous signifier que l’accès du Jardin des Plantes vous est interdit
- Pourquoi ?
- Je n’ai pas à vous donner d’explication....
- Pouvez vous me remettre un papier me signifiant cette interdiction ?
- Non, les manifestations sont interdites dans le Muséum
- Il ne s’agit pas d’une manifestation, mais d’un cours en plein air, sans la moindre pancarte...
- C’est non....
Les étudiants, qui se baladent déjà dans le jardin, reviennent vers l’entrée, le lieu du rendez vous. Le cours se fait donc, pendant une heure et demie, dans la rue, devant l’entrée du Muséum. Un cours qui porte sur l’histoire du Muséum, l’histoire de la protection de la nature, sur Buffon. A la fin du cours, je demande à nouveau à entrer pour effectuer une visite commentée du jardin. Nouveau refus, seuls les étudiants peuvent entrer, pas leur enseignant. Ils entrent et, je décide de tenter ma chance par une autre grille, rue de Buffon. Où je retrouve des membres du service de sécurité qui, possédant manifestement mon signalement, comme les premiers, m’interdisent à nouveau l’entrée.
Evidemment, je finis pas le fâcher et exige, sous peine de bousculer les vigiles, la présence du Directeur de la surveillance du Jardin des Plantes. Comme le scandale menace il finit par arriver. D’abord parfaitement méprisant, il finit pas me réciter mon CV et le contenu de mon blog. Cela commencer à ressembler à un procès politique, avec descriptions de mes opinions, faits et gestes. D’autres enseignants du département de Géographie, dont le Directeur Olivier Archambeau, président du Club des Explorateurs et Alain Bué, insistent et menacent d’un scandale.
Le directeur de la Surveillance, qui me dit agir au nom du Directeur du Muséum (où je pensais être honorablement connu), commençant sans doute à discerner le ridicule de sa situation, finit par nous faire une proposition incroyable, du genre de celle que j’ai pu entendre autrefois, comme journaliste, en Union soviétique :
- Ecoutez, si vous me promettez de ne pas parler de politique à vos étudiants et aux autres professeurs, je vous laisse entrer et rejoindre les étudiants...
Je promets et évidemment ne tiendrais pas cette promesse, tant le propos est absurde.
J’entre donc avec l’horrible certitude que, d’ordre du directeur et probablement du ministère de l’Education Nationale, je viens de faire l’objet d’une « interdiction politique ». Pour la première fois de mon existence, en France.
Je n’ai réalisé que plus tard, après la fin de la visite se terminant au labyrinthe du Jardin des Plantes, à quel point cet incident était extra-ordinaire et révélateur d’un glissement angoissant de notre société. Rétrospectivement, j’ai eu peur, très peur... »
http://www.mediapart.fr/club/blog/claude-marie-vadrot/310309/la-repression-politique-au-quotidien-histoire-d-une-interdicti-0
http://horreurecologique.blogspot.com/2009/03/au-jardin-des-plantes-il-est-desormais.html
La cerise dans les commentaires : "Non, je n'avais pas annoncé ce cours sur mon blog, il s'agissait d'une affaire interne à l'Université et les seuls échanges de courriels ont été entre les étudiants et moi et avec les enseignants".
Rédigé par : Antoine | dimanche 05 avr 2009 à 14h50
Réponse à Henri ? qui ne signe pas ses propos
Au lieu d'écrire sur ce que tu supposes que je fais, que je dis, que je pense, bref que je suis, ce qui ne présente aucun intérêt dans le cadre de ce débat, tu en conviendras, explique-nous donc clairement quel sens tu donnes au mot démocratie et quelles sont les raisons qui te font dire que ce mot n'a plus de sens pour la gauche, depuis 1789.
A bientôt de te lire, camarade...
PS : "Amitiés socialistes", c'est du langage codé, comme un mot de passe quoi... enfin c'est ce qu'y dit mon secrétaire de section... mais j'ai pas bien compris ce que ça ouvrait...
Rédigé par : Laurence Bergès | lundi 06 avr 2009 à 02h01
Que les libertés soient menacées, non; qu'elles soient en régression, oui. On est un des rares pays où existe le délit d'assistance à personne en danger;En plus,insultes vis à vis de journalistes, nomination ou renvoi de patrons de presse, livres "interdits", photos auto-censurées !!!! Si la presse est encore libre, la TV l'est de moins en moins; à cela s'ajoute le tout répressif: 3 jeunes dans la rue à 23h sont à priori suspects. Enfin, et ce n'est pas le moindre, on accepte de faire complèter par l'état des salaires qui ne permettent pas de vivre décemment; la liberté la plus élémentaire est là. Que proposez vous ?
Rédigé par : Blowup | mardi 07 avr 2009 à 06h52
Bonjour,
Monsieur Valls, j'aime vote franc parlé, votre positionnement sur certains sujets,je souhaite sincèrment que vous ayez la possiblité d'avoir la responsabilité du PS (ce qu'il en reste) et là je reviendrai vers ce parti qui, il me semble mort et gouverné par des hommes et des femmes loin de la réalité des Français.
Je vous soutiens bonne chance!!!
Rédigé par : Said | vendredi 31 juil 2009 à 09h05