Même le journal Le Monde en arrive à faire la « Une » de son édition de Jeudi : « La valse des sondages déboussole la campagne »… Il faut dire qu’il y a de quoi. D’abord parce que, c’est bien connu, tout le monde se moque des sondages mais que chacun se précipite dessus dès qu’il en sort un, moi le premier… Ensuite parce qu’ils annoncent des intentions de vote qui font souffler le chaud et le froid dans tous les « staffs » de campagne. Encore que, ces dernières semaines, le froid était plutôt chez nous. Jusqu’à ce matin Mercredi où, miracle, « Le Parisien » fait sa manchette : « Royal +2, Sarkozy -5 », tirée d’un sondage fait dans la journée de Mardi. Additionné au carton fait par Ségolène Royal lors de son grand oral sur TF1 lundi soir, il faut dire que ça requinque.
Bon début de semaine donc mais, camarades, gardons la tête froide. Comme me le disait à l’Agora, le Centre Commercial d’Evry, un syndicaliste CGT de la SNECMA, nous avons besoin de la mobilisation de tous et d’un vrai débat politisant sur des bases saines pour gagner. La route est encore longue jusqu’au 6 Mai.
Je perçois, cela dit, des renseignements très intéressants dans ce déluge de sondages, que l’on retrouve d’ailleurs invariablement dans tous depuis des semaines.
· Un haut niveau pour la candidate socialiste qui « vampirise » totalement les votes à gauche. Tout « habillé », ce qui n’est pas socialiste pèse moins de 10% ! C’est le jour et la nuit avec 2002 et c’est d’ailleurs la réplique du funeste 21 Avril.
· Revers de la médaille, les intentions de vote sur tout le panel de la gauche sont à un niveau historiquement…faible : moins de 40%.
· La montée de Bayrou. Elle n’est pas de même nature que celle de Chevènement. Elle est aussi volatile mais elle grapille partout. Elle est surfaite. Bâtir des hypothèses de second tour avec Bayrou contre Sarkozy ou Royal alors qu’il est largement 3ème, au mieux, relève de la manipulation. Mais attention ! Dans le grand capharnaüm politique, certains qui veulent faire turbuler le système sans se salir les mains avec Le Pen peuvent s’y essayer.
· Le Pen est, dans ces sondages, déjà plus haut que dans ceux de 2002 à la même époque et les reports de voix sur Sarkozy apparaissent nettement meilleurs que du temps de Chirac. Et même si le candidat UMP semble mordre sur l’extrême droite, rien n’indique que celle-ci sera en dessous de 16%.
· La droite dite « classique » semblait jusqu’à maintenant hyper mobilisée derrière son candidat mais Bayrou attire et à force de faire la course en tête, Sarkozy semble plafonner et n’est pas à l’abri d’un reflux.
De ces quelques indications, je tire un enseignement pour la suite de notre campagne. Surtout ne lui donnons pas une dimension « plus à gauche que moi tu meurs » ! Royal attire un électorat populaire qui nous a tant manqué en 2002. Il faut qu’elle continue à déployer ses propositions sociales sans se départir. Et il revient aux autres candidats de gauche de faire valoir leurs atouts propres. Ils seront d’autant mieux perçus si le PC notamment s’engage clairement pour la constitution d’une majorité de gauche. Nous avons par contre beaucoup à faire pour faire percevoir la crédibilité de notre pacte. Beaucoup d’électeurs de gauche veulent à la fois plus de social, de services publics, de protection et moins de dettes et de prélèvements obligatoires. C’est en argumentant pied à pied sur le fait que la gauche est mieux à même de relancer la machine économique, de créer de la richesse et d’être plus juste dans la répartition des fruits du travail que l’on réussira la synthèse entre les aspirations souvent contradictoires de la population.
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