Pour les cœurs en peine d’amour ou pour les audacieux qui sauraient convaincre leur conjoint ou leur compagnon de se lancer, je conseille le film Substitute, ovni cinématographique co-réalisé par le sympathique Fred Poulet et l’inqualifiable Vikash Dhorasoo.
Quelle idée étrange ! Réaliser un film en pleine Coupe du Monde. Le projet artistique supplante l’enjeu patriotique et sportif quand les espoirs de gloire s’éteignent sous l’effet de cette loi arithmétique implacable : il ne peut y avoir sur la totalité d’un match plus de quatorze joueurs d’une même équipe sur la pelouse ! Chaque sélectionneur a pourtant convoqué 23 joueurs dont le rêve ultime est d’exister en Coupe du Monde, ce mois si différent qui résonne en permanence dans les cours de récréation, sur le bitume citadin et les carrés champêtres, qui transcende la planète football et la dote d’une mystique.
Vikash Dhorasoo qui a joué tous les matchs des Bleus en 2005 et un nombre important en 2006 vit mal de rester sur la touche (j’aime quand les expressions retrouvent leur source sémantique). Son bilan affiche 16 minutes, une occasion nette et une passe décisive virtuelle contre la Suisse. Contraint de faire semblant, faire semblant d’être un joueur dans la fête universelle du football, faire semblant d’être heureux alors même que tous les rêves s’effondrent, il trouve refuge dans un projet artistique, Substitute.
Certains trouvent cela indécent. Dhorasoo, sans cesse présenté comme l’atypique du football, vit les choses différemment c’est tout. Il n’a pas pourtant mis en péril la vie du groupe. Dans un univers toujours aseptisé, il ose dire ce que tout le monde devine, notamment qu’un joueur qui ne joue pas est tiraillé entre la tristesse de ne pas jouer et l’envie malgré tout de voir les siens l’emporter.
De cette contradiction interne, il tire un film émouvant, intime sur la condition humaine tout simplement. Ce qui est triste, c’est que cette affaire finit par faire oublier le joueur Dhorasoo, évoqué encore dernièrement par Philippe Delerm dans son livre « La tranchée d’Aremberg et autres voluptés sportives ». Capable d’alterner le meilleur et le néant, Dhorasoo est un artiste porté par une intuition géniale ou sombrant dans le brouillon insignifiant. Ainsi va le destin d’un ancien lauréat des Etoiles France Football.
Vikash Dhorasoo, c’est bien le football de la mélancolie, une réminiscence insolite de la figure du héros romantique, capable de broyer tout seul son destin.
A découvrir dans Substitute,…
Excellent ! Bien sportivement...
Rédigé par : Stéphane Beaudet | 14 février 2007 à 10h34
Cher Monsieur Chouat,
Comment ne pas saluer la prouesse littéraire que vous accomplissez avec ce blog ?
Tout est si beau, si intéressant.
La diversité de vos centres d'intérêt (ici art et football) surprend celles et ceux qui ne vous voient que comme un élu brillant.
Il y a bien un homme sous ce regard tourné vers l'avenir.
Rédigé par : Mowgli | 15 février 2007 à 15h45
Mowgli se croit au Turkménistan...
Rédigé par : Zoulou | 16 février 2007 à 16h47
Vikash Dhorasoo a signé un contrat au sein du Livorno Calcio, le club le plus à gauche d'Italie !
Il va pouvoir dans un club de milieu de tableau exprimer au mieux son talent et effacer les mauvaises nouvelles de ces derniers mois.
Bonne chance à lui !
Rédigé par : Hertha Berlin | 11 juillet 2007 à 16h56
Wir sind zusammen mit dir, Vikash. Du bist ein weltmeister !
Rédigé par : Gunther | 11 juillet 2007 à 17h02